Le nouveau Gymnase du Chablais se veut exemplaire par son ambition urbaine, architecturale et technique.

En tant que « système constructif bois » novateur, il inaugure des prospectives scolaires à l’échelle du Canton de Vaud pour les réalisations à venir, donnant le ton en terme d’ingéniosité constructive, de valorisation du programme d’enseignement, de ses enjeux et potentielles évolutions. A l’échelle de la ville d’Aigle, il vient remplacer l’ancien Hôpital du Chablais et la Fondation Manzini, se faisant l’apparat d’un nouveau marqueur urbain dans le paysage.

Le site est situé dans le prolongement de la Gare, bordé par le passage des lignes de voies ferrées à l’Est et par du tissu résidentiel sur ses autres faces. Les contraintes de la parcelle, notamment caractérisée par une axialité forte selon une orientation nord-sud, conduisent naturellement à organiser l’espace de manière tripartie. A l’Est une voie de mobilité douce amorce un retrait normatif, de confort acoustique, visuel et d’usages, par rapport aux flux ferroviaires. Un premier espace se profile, destiné à l’accueil des équipements sportifs et des activités en plein air. Il permet de générer une séparation architecturale et paysagère avec la seconde partition investie par le bâtiment scolaire et ses espaces extérieurs. A l’Ouest, un épais jardin arboré est planté afin de préserver les habitations contiguës à la parcelle et d’offrir un espace d’agrément collectif dédié aux habitants comme aux gymnasiens. En complément de la stratégie de mobilité énoncée autour du site du Chablais, un généreux parvis public est aménagé au Nord à l’interface entre les parkings dédiés au programme.

Le bâtiment est articulé autour d’une rue intérieure, véritable colonne vertébrale architecturale et technique du projet. Ce foyer spatial constitue un vaste hall, espace de circulation comme de vie collective, il assure la jonction entre un socle contextualisé et ses étages génériques supérieurs. Au-delà du lien visuel et tangible qu’il crée entre les programmes, il joue un rôle central dans le fonctionnement du bâti, notamment du point de vue thermique.

Le rez-de-chaussée et son prolongement en sous-sol dessinent l’assise en béton du bâtiment, s’insérant librement dans son site par un dialogue favorisé depuis la rue intérieure jusqu’aux aménagements extérieurs. Les porosités sont recherchées, travaillées, facilitées par le choix structurel afférent. Les programmes communs y prennent lieux. Ils donnent  sur l’extérieur et sur la rue intérieure, espace de prolongement et de desserte. Au Nord, l’implantation de la bibliothèque ainsi que de l’aula assure une lisibilité à l’édifice ainsi que leur accès indépendant. La salle triple sport, formant front au parvis, ménage une cour protégée au sud pour les élèves dans la continuité de ses terrains. Enfin la cafeteria et le restaurant situés en terminaison de la rue, investissent l’espace central sans gêner les flux internes au programme et se prolongent sur une terrasse extérieure donnant sur le jardin à l’Ouest. Les accès techniques et de livraison sont cantonnés au sud, sans croisement avec les flux des gymnasiens.

Les étages en structure bois poteaux-poutres viennent se poser sur le rez-de-chaussée structuré autour de la rue intérieure, selon une trame définie par la dimension d’une salle de classe. La matrice du programme devient ainsi matrice structurelle. La rue intérieure est complétée de coursives qui desservent les différents locaux. Des escaliers plus généreux y cheminent, ils qualifient les vides et facilitent les déplacements. Au premier étage, à proximité du hall d’entrée, se trouvent les espaces administratifs, dédiés aux enseignants ainsi qu’une partie aux élèves. Ils bénéficient d’accès aux toitures terrasses végétalisées offertes par le programme du RDC. L’installation d’une aire sportive en plein air sur la toiture de la salle triple sport finalise d’asseoir la pluralité de situations offertes à destination des usages extérieurs. Les salles de classe polyvalentes sont  installées au r+2 et r+3, tandis que les salles spécialisées profitent de la singularité du dernier étage coiffé par une toiture composée de sheds. A ces niveaux, les surfaces de travail sont aménagées en terminaison de la rue intérieure, comme espace cloisonnable/décloisonnable servant un usage différencié selon les saisonnalités.

La rue s’érige en définitive comme un espace flexible et pluriel, cœur du bâtiment, battant au rythme des cycles pédagogiques (circulation, interclasse, travail personnel, rencontre) et des saisons (fonctionnement différencié en été, hiver et mi-saison). Elle pose les bases d’un modèle architectural généreux et à la hauteur des ambitions techniques et environnementales de demain.